Ils sont jeunes , beaux, et viennent de fêter leur 18 ans et comme chaque année célèbrent la fin de leur parcours scolaire par une grande fête. Une fête qu’ils préparent longtemps à l’avance. Choix de la prom girl, du costume, de la robe. Rien n’est laissé au hasard, mais tout est étudié dans les moindres détails :harmonie des couleurs de chaque “graduated couple “, photos souvenirs père-fils, mère-fille . Enfin c’est le grand jour tant attendu: la prom.
Mais cette année en plus des préparatifs pour le jour J, ils se sont tous passé le mot et préparé leur départ . Qui en Europe ,qui au Canada ou aux US. Même avec des moyens limités , même en “one way ticket”. Ils ont fait de leur mieux ,nos jeunes, ont essayé de se regrouper dans les mêmes universités, mêmes villes.
Mais ce qui est sûr, c’est que ces fêtes ont un arrière-goût amer pour les parents. Anxieux de les voir partir mais soulagés de pouvoir encore leur offrir une chance de sortir de ce marécage dans lequel on s’enfonce davantage de jour en jour. Enfin ils peuvent se rattraper ,rattraper l’erreur qu’ils pensent avoir faite de rentrer au pays. Parce qu’il fut un temps où eux aussi avaient le choix et ils ont fait le choix du pays… était-ce une bonne décision ?
Ils savent qu’ils resteront seuls dans des maisons qu’ils ont prévues pour de grandes familles. Ils ne sont pas sûrs de pouvoir ni d’avoir les moyens de les rejoindre. Déchirés entre mille sentiments, ils savent qu’ils doivent sauver ce qu’ils ont de plus précieux :
leur enfant.
Les jeunes ? Eux sont heureux , se réjouissent de voler de leurs propres ailes, de découvrir de nouveaux horizons. On applaudit fort leur joie de vivre, les rêves qui se lisent dans leurs yeux. Nos jeunes sont une valeur sûre. Et comme les oiseaux migrateurs, ils reviendront sans doute à la belle saison.
Et peut-être que si nous leur offrons un terrain débarrassé de ses ordures , peut-être que si nous parvenons à étouffer nos egos et à deployer une “certaine” sagesse, peut-être qu’enfin, nous pourrons enfin donner naissance à un Etat Nation.
On l’appellerait Liban.
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Sandra KHAWAM