Cela fait une semaine que je m’interroge sur le drame poignant visionné par le monde entier et montrant deux malheureux Afghans tombant de l’avion américain sur lequel ils s’étaient tout simplement installés, assis sur le renflement extérieur de la carlingue contenant les roues et pleins d’espoir et de reconnaissance d’avoir pu embarquer pour un monde meilleur grâce à la flotte aérienne du plus puissant pays du monde.
A l’époque d’internet ils pensaient pouvoir arriver à bon port 10.000 km plus loin.
D’autre part ils ne pouvaient avoir consciemment choisi un suicide par saut aérien car alors ils auraient eu plus de chance de survivre aux Taliban en restant bien ancrés sur le sol ferme.
Il me semble que la seule explication possible c’est qu’ils étaient tellement coupés du monde extérieur qu’ils ont dû tout simplement penser que le renflement était comme une bosse d’un dromadaire volant et qu’ils ont dû être très surpris d’en être désarçonnés un peu plus haut.
Eux aussi ont dû croire un instant avoir été trahis par les américains, sur terre comme dans les airs.
Pour être plus sérieux, il me semble que finalement le meilleur facteur de changements pour le bien-être des peuples maltraités, exploités et écrasés par d’immondes dictatures islamistes ou théocratiques ou encore militaires, ce sont les peuples eux-mêmes.
Les expériences de ce demi-siècle d’interventions humanitaires extérieures portant le flambeau de la démocratie et des libertés prônées par les pays occidentaux des XXème et XXIème siècle n’ont pas toujours été très concluantes.
Et ce d’autant plus que les pays de la démocratie et des libertés bonnes pour l’exportation ne peuvent rayer des populations civiles de la surface de la terre en prétendant vouloir les émanciper.
Comme Israël en 2006 : ils pouvaient rayer le Sud Liban mais cela allait à l’encontre des valeurs prônées.
Ils étaient fatalement limités dans l’intervention, donc condamnés à ne pas vaincre.
Comme à Gaza.
Malgré l’immense désir de voir une puissance quelconque écraser sous des tapis de bombes super létales les Gardiens de la Révolution iraniens et les associations d’Ayatollahs malfaisants et les Groupes d’intervention de Pasdaran se prenant pour des ONG élues de Dieu, sans oublier les usines de traitement d’uranium, comme ces derniers écrasent eux-mêmes les peuples d’Irak, de Syrie, du Yémen, du Bahreïn et du Liban, nous savons bien que tout cela ne mènera qu’à plus de destruction sans certitude de victoires qui délivreraient les peuples arabes (et phéniciens pour certains) de leurs bourreaux.
Pour revenir au Liban, le Hezbollah doit considérer aujourd’hui que la sortie négociée des américains en Afghanistan est la preuve que les fervents adeptes du Liban islamique où toutes les autres minorités seront acceptées et dhimmisées comme au bon vieux temps de la conquête du premier millénaire sont définitivement victorieux, au Liban comme ailleurs, et que ce petit pays n’est plus qu’une infime partie dans le nouvel empire perso-chiite.
L’intégration sociale, économique, politique et militaire au sein du nouvel espace géographique iranien est en train de se bâtir sur les cadavres encore fumants des secteurs bancaires, de la santé, des hydrocarbures et de tout le reste.
L’intégration militaire sera exactement le contraire de ce que l’on souhaitait pour notre pays : ce ne sont pas les dix ou quinze mille miliciens du Hezbollah qui vont être intégrés dans l’Armée nationale, mais les soixante-dix mille soldats et officiers de notre armée qui vont être intégrés dans la milice terroriste.
Comment croyez-vous qu’une armée de 300.000 Afghans a disparu à la vue de quelques dizaines de milliers de Taliban ?
Le plus probable c’est que cette armée officielle super équipée ainsi que ses officiers devaient être en majorité des Taliban déguisés et intégrés peu à peu dans une armée nouvelle (au départ de sa construction) en voie de formation.
Les Taliban ont dû envoyer s’enrôler de nombreux miliciens de leurs groupes et les USA payaient sans le savoir les salaires et l’armement de bataillons Taliban secrets.
Cela nous rappelle fortement nos pratiques locales au Liban où les Aounistes, les Amal et les Hezbollah ont eu tout le temps depuis 2005 de noyauter l’Armée avec leurs propres éléments, ce qui fait que sans le savoir nous payons les salaires des miliciens de ces trois organisations CPL-AMAL-Hezbollah de nos impôts. (Ne me dites pas que le CPL n’a pas de milice).
La passivité lors des coups d’Etat du Hezbollah et la passivité aux frontières doit bien s’expliquer d’une certaine manière car dire que le commandant suprême est le Président ne suffit pas étant donné que la guerre civile du 7 mai 2008 est du ressort direct de l’Armée, tout comme la protection des frontières, inclus le trafic et la circulation de milices terroristes comme celle du Hezbollah.
Il me semble que les USA et la France, en priorité, vont se mettre à réfléchir plus sérieusement sur le rôle des subventions apportées à l’armée libanaise dans le contexte d’un pays et d’un gouvernement dominés par le Hezbollah.
Leur expérience en Afghanistan avec l’armée afghane devrait du moins les pousser à faire une petite session de réflexion.
On peut lire dans L’Orient-Le Jour du 16 Octobre 1998 :
« …….Damas mise sur un président fort pour se rapprocher des chrétiens.
L’élection du général Emile Lahoud à la présidence de la République reflète un sincère désir du régime syrien d’ouverture en direction des chrétiens du Liban, assure une source bien informée.
Quant aux considérations qui ont incité le président syrien Hafez el Assad à favoriser l’élection du général Lahoud, elles sont les suivantes :
- Le général a longuement été testé en tant que commandant de l’armée régulière, à ce poste il a fait toujours preuve de loyauté envers l’allié syrien et n’a jamais poignardé celui-ci dans le dos.
- Emile Lahoud est convaincu de la nécessité d’étroites relations entre Etats voisins, et il cite volontiers les liens existants entre des pays tels que les Etats-Unis et le Canada.
Par delà la complémentarité libano-syrienne, Lahoud sait gré à la Syrie d’avoir été le seul pays à offrir en quantité appréciables équipements, armement, munitions, appui logistique et entraînement à l’armée libanaise alors qu’elle était en cours de reconstitution. - La profonde aversion du général pour les milices, qu’il rend responsables de la destruction du pays, est appréciée au plus haut point par Damas.
- Mais surtout la Syrie est sincèrement désireuse d’opérer une ouverture en direction des chrétiens du Liban, assure une source bien informée.
- Les Syriens, poursuit cette source ont fini par se rendre compte que pour réussir, une telle percée implique la présence au palais de Baabda d’un président fort jouissant d’un degré appréciable de popularité, notamment dans les rangs des chrétiens. » (Fin de citation de OLJ).
Remplacez Lahoud par un général d’opérette actuel et remplacez Damas par Téhéran et enfin remplacez Hafez El Assad par khamenei et vous aurez la même situation aujourd’hui.
Et les mêmes promesses non tenues ou aversions transformées en alliance que les Aounistes ont fait subir au peuple libanais.
Nous continuerons à demander à l’ONU l’application des résolutions qu’elle a prises, 1559 et autres.
C’est notre droit et nous nous battrons par tous les moyens pour y arriver.
Le Hezbollah n’est qu’un appendice qui se prend pour une nation et un pays.
Nasrallah n’est qu’une grenouille qui se prend pour un bœuf.
Personne n’est fort en écrasant son peuple.
Personne n’a de légitimité dans la dictature.
Rien n’est perdu.
Ils se sont perdus.
Le peuple du Liban se réveille.
Bkerké s’est réveillée et hier l’annonce de la « Moutraniyé » pousse à être plus dans l’action et moins dans l’observation.
Nous utiliserons tous les moyens pacifiques mais nous ne nous laisserons plus éliminer comme depuis 2005.
Résister au Hezbollah par les urnes est une première étape, mais si la milice iranienne comptait sur ses armes pour détourner les élections ou changer le cours des choses, alors ils devront trouver en face d’eux un peuple prêt à mourir pour vivre.
Issal Saleh