La situation étant ce qu’elle est avec le rapport de force existant, notre résistance à la milice du Hezb consiste à poursuivre la réclamation des résolutions onusiennes, y compris sous chapitre VII ( comme le répète Toufic Hindi) dans un contexte occidental défavorable qui ferait bien de la région un second Afghanistan, dans la mesure où l’Occident obtiendrait quelques assurances stratégiques de l’Iran.
Ainsi notre meilleur allié est nous-mêmes, notre regroupement en une force cohérente, l’unification de nos slogans anti-miliciens et anti-Aounistes.
Comme aujourd’hui le peuple afghan a compris qu’il ne pouvait plus compter que sur lui-même, nous devons comprendre que le fait de réclamer les résolutions 1559-1680-1701 risque de n’être entendu par personne. A moins d’évènements ou de bouleversements majeurs imprévus.
La résistance au Hezb doit s’élargir et s’approfondir. Cela n’aura pas lieu si l’on continue à se détruire réciproquement les uns les autres.
Le gouvernement Mikati est là. On n’y peut rien.
Il est évident que c’est un gouvernement du Hezb comme tous les précédents.
Même un gouvernement Hariri aurait été celui du Hezb.
Faire un gouvernement avec une milice qui a assassiné tous les dirigeants du 14 mars et ceux d’après le 14 Mars, ou encore avec une milice responsable de l’explosion du port et de tous les trafics en Syrie qui nous ont mis à genoux, ne peut être qu’une concession de plus à l’Iran et à sa milice.
Une preuve toute simple et évidente : c’est quoi le 1/3 de blocage qui a empêché le dernier gouvernement du Hezb de se monter pendant presque une année ?
C’est tout simplement la concession offerte par le 14 Mars en 2008 sous les armes du Hezb après son coup d’Etat.
Ainsi Bassil et son représentant à la présidence ont tout simplement bloqué le Liban pour une concession obtenue sous les armes de la milice.
C’est une définition de ce que signifie Haute trahison.
Alors que le 1/3 de blocage ne fait même plus partie de l’attirail de Doha étant donné que dans ces accords il était spécifié que le 8 Mars ne pourrait plus faire tomber un gouvernement. Ils n’ont pas respecté cet aspect, donc tout les accords de Doha tombent à l’eau. Logiquement bien entendu.
Les Aounistes ont toujours été le parapluie du Hezb, leur feuille de vigne.
Doha est devenu synonyme de soumission des peuples aux extrémisme religieux, que ce soit à l’islamisme chiite du Hezb ou à l’extrémisme sunnite des Talibans, tous deux consacrés à Doha.
Des frères musulmans du Qatar il n’est rien advenu de bon pour le pays.
Le peuple afghan vient de l’apprendre à ses dépends puisque il a été vendu à Doha lui aussi. Je ne reproche pas aux USA d’avoir quitté leur pays car ils ont assez fait d’investissements pour aider les Afghans. Seulement la corruption des gouvernants afghans et celle de l’administration a empêché vingt années d’aide américaine d’aboutir à bâtir un pays.
L’armée afghane s’est effritée car la corruption des officiers, liée à celle des gouvernants, a découragé la masse des soldats dont le pouvoir d’achat était extrêmement réduit car les officiers détournaient une partie de leurs salaires.
Des ministres puis des officiers ont appris, deux jours avant la fuite du Président, que ce dernier l’avait préparée pour avant l’arrivée des Talibans. Alors toute la chaîne de commandement s’écroula. Puis les soldats, abandonnés, rejoignirent leurs villages ou bien les Talibans qui pardonnaient….
C’est le même phénomène qui a caractérisé la dislocation de l’Etat libanais. La corruption depuis la tête de l’Etat et des organismes de décision a gangrené tout le corps social jusqu’au dernier des fonctionnaires. L’Occident le voit bien.
En quoi le Liban diffère t-il de l’Afghanistan quant à la faiblesse de son armée traversée par tous les courants et au pouvoir d’achat réduit ?
Les Occidentaux l’ont compris lorsqu’ils veulent renflouer le budget de notre armée.
Le Qatar finance l’islamisme en Europe pendant que la soumission des peuples de la région à leurs dictateurs respectifs est consacrée à Doha.
Ce nouveau gouvernement est donc une ineptie supplémentaire dans la vie politique du Liban.
Comprenons bien que nous sommes dans un contexte déroutant.
Le retrait d’Afghanistan et l’abandon à lui-même du peuple afghan et des malheureuses femmes afghanes se traduit chez nous par des événements équivalents que nous sommes en train d’observer et de vivre.
Le rapprochement avec la Syrie correspond bien à ce contexte de recul des vœux populaires.
Certains ont relevé que les « accords de Damas » pour la circulation des énergies de Jordanie et d’Egypte vers le Liban ne pouvaient être seulement vus comme un forcing européen contre l’Iran pour « blanchir » notre fourniture énergétique, mais aussi comme ayant un effet collatéral de blanchir ou renflouer le régime de Bachar aux yeux de l’Occident, ce qui a permis à Wiham Wahab de se précipiter à Damas et d’y proposer son fils comme un futur ministre en guise de cadeau de mariage.
Mauvaise plaisanterie qui nous ramène à l’époque d’avant 2005.
Le Hezb et les Aounistes nous ont menés là où ils voulaient nous mener depuis 2005, chez Bachar, et aujourd’hui les nouveaux ministres pourront prendre le relai des mains des anciens et dire : Choucran Souriya, Choucran Nasrallah.
Les deux formations ont vidé le Liban de tous ses hydrocarbures par le trafic avec Damas et ont ruiné le secteur électrique aux mains de Bassil, et nous devons être satisfaits que l’on doive notre secours énergétique au complice de Bassil et Nasrallah, c’est à dire Bachar.
Nous remercions l’Egypte et la Jordanie évidemment mais la pilule est difficile à avaler.
Nous devrions remercier aussi khamenei pour les produits pharmaceutiques.
Voilà dans quelles contradictions les milices du 8 mars nous ont plongés.
Quitte à remercier Bachar, pourquoi les ministres ne mettraient-Ils pas sur le tapis (en tapant sur la table) le tracé des frontières maritimes car la Syrie a largement débordé sur un de nos carrés pétroliers, au même titre qu’Israel ?
Et pourquoi pas aussi la frontière terrestre que Bachar refuse de tracer ?
Pourquoi négocier avec l’ennemi Syrien et interdire toute négociation avec l’ennemi israélien ?
Quelle est le différence entre ces deux ennemis qui s’entendent parfaitement contre nous ?
Un véritable tueur en série devient le Président chiite de l’Iran, un autre tueur en série devient le Président chiite effectif du Liban, un troisième tueur de grande envergure devient le chef de l’État Taliban en Afghanistan.
Et les Occidentaux négocient, têtes baissées.
Et nous espérons obtenir les trois résolutions qui mèneraient l’Iran à annihiler le Hezb ?
Et nos petits misérables et insignifiants aounistes pensent sortir indemnes de ce nouvel ordre Moyen-Oriental ?
Ils nous ont entraînés en enfer avec eux et espèrent pouvoir jouer le rôle de Kapos au service de leurs nouveaux maîtres dont ils ont cultivé la dépendance pendant quinze dramatiques années pour le Liban.
Il nous reste à préparer les élections car notre voix ne porte plus.
Personne ne nous écoute.
Notre salut est entre nos mains seules.
Issal Saleh