“La puissance désigne la capacité à agir, à peser sur le réel, à modifier ce qui nous entoure, ou parfois ce qui est en nous. Et l’impuissance nous fait vivre et éprouver l’inverse : sentir, à tort ou à raison, que nous ne pouvons rien faire, rien changer, autour de nous ou en nous.” C.André
Nous avons tous besoin de rêver et de voir nos rêves se réaliser. Des rêves simples et faciles à réaliser comme celui de partir en weekend ou en randonnée ou de grands rêves comme décrocher un diplôme, obtenir une promotion etc. Petite ou grande réalisation, ce sentiment d’efficacité est très gratifiant ,il nous engage dans la Vie, booste notre énergie et contribue à notre bien-être.
En revanche, la guerre menée par la mafia politique contre le peuple déteint sur tous les domaines de notre vie . Nos désirs affectifs ,nos espoirs d’une vie ou retraite confortable, nos projets professionnels, financiers, familiaux ,tous sont affectés voire suspendus ou kidnappés par ces geôliers pervers qui ont décidé, pour leur survie et ambitions narcissiques ,de nous priver de notre vie et de compromettre même notre survie.
Certes ,nous avons tous connus des frustrations dans le passé et nous les avons plus ou moins bien surmontées mais il est rare de vivre autant de frustrations et à tous les niveaux simultanément. Le plus douloureux est sans doute l’explosion du port, ce sentiment d’impuissance face à l’impunité, sentiment d’impuisance lié à nos valeurs morales.
Comment un crime contre le peuple et le pays resterait-il impuni et les criminels libres quand nous, victimes physiques ou morales, sommes abandonnées à notre propre sort?
Impensable et impansable.
N’aurions-nous aucune prise sur notre environnement ?
Deux ans de frustrations ,deux ans où nous traînons dans les rues, sous les ponts, où nous écrivons des lettres, des posts, des pétitions. Deux ans où nous avons usé nos jambes, nos neurones, nos cordes vocales, nos chapelets et nos nerfs. Notre frustration augmente et avec elle notre désespoir. Ces échecs répétés sont dangereux parce ce que nous finissons par renonçer à l’espoir et nous sombrons doucement dans le désespoir. Nous lâchons tout…A quoi bon faire ceci ou cela puisque de toute façon rien ne changera jamais? “learned helplessness”. Une situation dans laquelle les personnes finissent par renoncer à tout effort, même dans des situations où elles pourraient gagner.
C’est ce sentiment “à quoi bon” qui risque de nous faire perdre les élections, assommés que nous sommes par le malheur.
C’est ce sentiment d’impuissance qui pousse au départ jeunes et moins jeunes pour le plus grand bonheur du hezb &co qui se frotte les mains.
Gagnerait-il simplement parce que nous aurions abdiqué ?
C’est pourquoi, quitte à choquer certains et malgré toutes les injustices que nous subissons, il est préférable d’accepter ce sentiment d’impuissance, d’accepter nos limites, de se dire qu’il est provisoire ( et c’est la vérité) plutôt que de s’épuiser dans un burn-out contreproductif. Qui veut aller loin ménage sa monture…
Les grands idéaux ne sont pas pour autant oubliés ( bien au contraire) mais notre action reportée sur des petites réussites édifiantes et gratifiantes . Il s’agit peut-être de mieux cibler nos actions politiques et d’être surtout présents à l’autre, d’améliorer notre quotidien comme trouver le moment de partager un bon film entre amis ou une mankouche autour d’un café.
Prendre le temps de rire, d’écouter de la musique, de se promener dans la nature…
Car si “le sentiment d’impuissance finit par détruire un être humain”( Murakami), “une partie de l’art de vivre dépend de notre capacité à (le) combattre.” (Levy ).
Nous sommes collectivement responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Nous avons élu nos dirigeants par vote ou par abstention. Nous les avons acclamés, portés sur nos épaules, élus et nous en étions fiers et convaincus.
Ils ne sont que le reflet de notre image. Assumons-la.
A nous de faire mieux lors des prochaines élections le 27 mars.
Le reste suivra…
Sandra Khawam