La décision du juge Elia vient terrasser la procédure inique présentée par Machnouk. En effet, ce dernier espérait ralentir le déroulement des audiences du juge Bitar après le 19 Octobre, date de la reprise des sessions parlementaires et donc reprise de ce fameux bouclier qu’est l’immunité parlementaire.
Malheureusement pour Machnouk et consorts, le juge Elia -réputé pour son honnêteté- est le grain de sable qui a enraillé la machine à retardement de nos parlementaires, férus de connaître la vérité sur l’explosion du port et de faire justice, tant qu’évidemment ils ne sont pas concernés.
On ne peut que saluer la décision de rejet de la demande de récusation, rejet qui remet le juge Bitar en selle.
Il est vrai que notre système judiciaire souffre d’une gangrène, notamment au niveau des nominations judiciaires “politiques”, mais il se trouve des juges courageux à l’instar de Elia et Bitar que nul ne peut arrêter, pas même les menaces virulentes proférées par le leader du parti iranien ou par son sous-fifre.
Machnouk et les autres parlementaires useront de tous les moyens pour ralentir leur confrontation avec le juge. Plus ils useront des mécanismes de défense et plus ils paraîtront coupables. L’innocent ne craint pas la justice.
Logiquement, le juge Bitar devrait convoquer à nouveau les Pieds Nickelés avant l’ouverture des sessions parlementaires; bien évidemment, ces derniers ignoreront l’invitation du juge, lequel sera obligé d’émettre des mandats d’amener ou d’arrêt. Reste à savoir si les FSI exécuteront lesdits mandats, sachant que le prédécesseur de l’actuel ministre de l’intérieur, avait publiquement déclaré qu’il reniera n’importe quel mandat touchant une personnalité politique. Pour le coup, le principe de séparation de pouvoirs entre le judiciaire et l’exécutif est tellement appliqué au Liban, que même les canaux de communication entre les deux pouvoirs sont coupés….
Cette situation sera donc une épreuve au gouvernement Mikati: application de la loi ou déni de justice?
Dans tous les cas, le conseil que l’on puisse donner au personnes mises en accusation est d’obtempérer et de cesser de se barricader derrière une quelconque immunité.
Si l’immunité ralentit une procédure judiciaire, elle ne peut en revanche rien face à la colère des familles des victimes.
Le sang des victimes du port crie justice; à défaut il criera vengeance.
Jawad Pakradouni