Pour pouvoir être manipulé, il faut vouloir être manipulé ; chacun sa psy-cause, les manipulateurs aussi… GM.
Qu’il s’agisse d’une personne ou de tout un peuple, les manipulateurs agissent selon un modus operandi assez similaire. Le but ultime étant de créer l’environnement et le mental nécessaire afin de contrôler les décisions de leurs victimes, et même leur perception de soi, individuelle ou collective. Leur discours attentif, à la logique sans failles et au vocabulaire bien choisi sont des armes de conviction massive. Leurs réponses préméditées à toutes les questions et leur détournement , achèvent toute résistance tant intellectuelle qu’émotionnelle. Bien sûr, certains sujets se prêtent volontairement à l’exercice, en vue de leur intérêt personnel.
Pourquoi cette introduction psychologique en amont d’un article politique ? Tout simplement, c’est parce que , à cause de ce stratagème manipulateur , certains arrivent à changer leur propre réalité, ou plutôt la perception de cette réalité par autrui… pour en garder le contrôle. Le mensonge confiant et à outrance cause une fausse réalité et une suspicion généralisée. La première cause les mauvaises décisions, la seconde les non-décisions. Dans les deux cas, les menteurs gagnent. L’audience est soit acquise, soit neutralisée.
Revenons donc à nos moutons, et là le lapsus (manipulatoire !) n’est pas anodin. Le Parti de Dieu, ce « peuple élu » selon leur dogme, a un besoin existentiel de projeter une image qui corresponde à son identité clamée. Supériorité morale, pureté spirituelle, intégrité absolue, origine, destin et destination divins… tout cela encadre, nourrit et catalyse le suivisme et le conformisme absolus et aveugles du « croyant idéal » au programme prescrit. La réalité, bien sûr, est que le Hezb est à l’extrême antithèse de ces préceptes. Comment cache-t-il cette réalité, (de moins en moins habilement, il est vrai, faillite tout azimut oblige, même pour ses ex-adeptes) pourtant flagrante pour ceux qui veulent voir ? La vérité est que le Hezb, mis à part son application Orwellienne de la censure, est allé encore plus loin en « légalisant » le mensonge, se basant pour ce faire sur le précepte religieux de la takkiya, qui permet de mentir et leurrer afin de servir la cause suprême : subjuguer son audience.
Le mensonge suprême doit parfois nous parvenir du guide suprême. Ainsi, et afin de mieux s’immiscer dans le tissu anthropologique libanais complexe, une fatwa de Khamenei (1992) renomme la « révolution islamique au Liban » en « résistance islamique au Liban », résistance étant un mot et un concept bien ancré dans le conscient collectif libanais, avec une connotation positive et légitimatrice quel que soit l’audience. Une autre fatwa (mensonge suprême) cette même année leur permettra de participer aux élections législative d’une entité… qu’ils ne reconnaissent pas, tout comme ils renient l’ordre mondial.
Comme quoi, les gros mensonges ont souvent besoin d’un attribut divin pour passer…
La proportion du mensonge se doit, bien sûr, d’être proportionnelle à la vérité qu’il faut cacher. Crimes, assassinats, terreur, obscurantisme, génocide, dictature… on est d’accord, mais observons le phénomène Hezb sous un autre angle, moins connu : quels sont donc les ennemis idéologiques fondamentaux de cette contre-société ? Énumèrons-les brièvement:
(1) Une bonne économie… en effet, si leur audience obtient une autarcie financière, ils perdent leur principale raison d’être.
(2) Un environnement sécurisé ou ils perdraient leur rôle de protecteur déclaré-imposé
(3) L’armée libanaise, seul concurrence de terrain, et garante d’un état fort qui n’accepterait aucune ingérence sécuritaire interne
(4) L’état de droit. Là aussi leur existence même est anticonstitutionnelle, mis à part le fait qu’ils imposent leur propre loi
(5) Les libertés et les droits de l’homme, les libertés étant leur antithèse, leur ennemi culturel…
Le peuple Libanais est-il conscient que le Hezb a réussi à s’imposer, dans ses régions d’abord, faisant tache d’huile ensuite, en assassinant et éradiquant toutes formes d’opposition ? les officiers et soldats de l’armée libanaise, puis ceux des FSI, et enfin TOUTES les organisations de résistance (oui) contre Israël ? A ce jour, sa SEULE bataille existentielle était celle contre le mouvement Amal. Quand à ses victoires présumées contre Israël, pas une seule ne soutiendrait une analyse militaire… Que ce soit sous l’occupation israélienne, ou aucun drapeau du Hezb n’a jamais été planté sur une position de l’ALS sans un accord tacite Israélien, (les soldats de l’ALS – beaucoup ont rejoint le Hezb, le savaient très bien : quand leurs demandes d’appui-feu restaient sans réponse, ils évacuaient leurs postes.) ou qu’il s’agisse de la mascarade de 2006, (Israël aurait-il détruit tous les ponts et toutes les routes, ses voies d’accès, s’il voulait envahir ? A-t-on oublié que l’Iran, sous les coups de butoir de Saddam, aurait cessé d’exister sans l’aide militaire Israélienne directe ? Tant que l’Iran et son extension, le Hezb, ne représentent pas de menace existentielle ou stratégique pour Israël, ils resteront alliés si ce n’est amis. En attendant, les images télévisées de drapeaux du Hezb plantées sur des positions « ennemies » imprègneront les cerveaux libanais de cette fausse perception d’un Hezb combatif et résistant. Mieux : de réussite au combat, là ou les autres (d’après eux) ont failli.
Voilà la vérité du Hezb après quarante ans de manipulations. Pourquoi tout cela ? Ils le disent eux-mêmes : exporter la révolution islamique iranienne. Imposer la juridiction du guide suprême, le walee el fakeeh. La loi du Parti de (leur) Dieu. La liste de leurs victimes, de leurs opposants, est longue. Très longue. Elle va certainement s’allonger. Mais la question fondamentale que l’on devrait se poser est, tout simplement : que devrions-nous faire ? se résigner et être asservis au Diable ? Quitter et leur laisser notre beau pays ? Avons-nous même le droit de leur abandonner ce qui nous a été confié, notre héritage millénaire ? Et que dire de ceux qui ont trahi le dogme des nobles et rejoint ce Mal suprême, afin de sécuriser leurs ambitions de pouvoir et d’argent ?
Arrêtons d’attaquer le Hezb en tant qu’assassin, terroriste et agent Iranien. Il s’en vante lui-même. Attaquons-le plutôt sur son identité. Sa nature. Un maître de la manipulation. Un faux. Là, même ses fans se rétracteront.
Tel Dante durant son périple, le peuple libanais est (presque) au centre de la terre, dans cet enfer promis. On n’attend plus que Beatrice (on a eu Thérèse, son antithèse !) pour nous guider hors du tunnel, et, pour ceux qui passeront le purgatoire (ils ne sont pas nombreux, les non-pécheurs qui ont résisté au Mal) atteindre le Paradis, qui est quand même une montagne à gravir.
Ils ont voulu nous maudire. Ils ont réussi. Notre malédiction, c’est eux. A nous de nous en débarrasser. Les ténèbres ne sont qu’absence de lumière. La lumière, c’est la vérité, c’est les esprits intrinsèquement bons, intègres et courageux. Soyons tout cela, et la lumière sera. La Vérité sera. Soyons son porte-parole, sa boussole.
Sans peur.
Georges Melhem