La Justice Bafouée

Une course contre la montre a été enclenchée par Machnouk et ses pairs en vue de repousser l’inévitable confrontation avec le juge Bitar. Leur but, atteindre le 19 Octobre. En effet, à partir de cette date, l’immunité parlementaire reprend ses fonctions en raison de la tenue de la session parlementaire.

SAUF QUE, les trois parlementaires n’ont pas bien lu le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale, et particulièrement, l’article 97.

Cet article stipule expressément que si un député est poursuivi en dehors des sessions parlementaires, la procédure judiciaire continuera quand bien même une session ultérieure est ouverte, sans besoin d’une autorisation du parlement.

À présent que Machnouk, Khalil et Zeaiter ont officiellement la qualité d’accusés, toutes leurs manigances n’ont, en principe, aucun effet. Bitar peut continuer son investigation et les confronter, même après le 19 Octobre.

Malheureusement, à supposer que des mandats d’arrêt ou d’amener seront décrétés contre les Pieds Nickelés, il faut espérer que l’ancien ministre de l’intérieur n’ait pas laissé à son successeur une note blanche, qui est d’ignorer tout ce qui émane de n’importe quel magistrat: n’oublions pas que M. Fehmi était un misogyne anti-juridictionnel.

Toujours dans le contexte judiciaire: Wafic Safa menace le juge Bitar.

Silence radio du côté du ministre de la justice, lui-même ancien président de la cour criminelle de Baabda, qui n’admettait aucun écart de conduite lorsqu’il présidait ses audiences: sa voix vociférait et faisait trembler les murs lézardés du palais de justice.

Et pourtant l’article 14 du code de procédure pénale, lui donne autorité de requérir l’ouverture d’une enquête pour toute infraction dont il a connaissance.

Seulement voilà, M. Khoury applique les préceptes de Chevènement: “un ministre ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne.”

Notre justice qui a déjà les yeux bandés, se retrouve donc ligotée et bâillonnée. Quiconque lira ces trois adjectifs, pensera qu’il s’agit d’un titre de film BDSM!

Malheureusement, c’est une triste vérité: notre justice est bafouée, humiliée et violentée. Un succès de plus du Mandat Fort dont le représentant principal refuse toujours, depuis trois ans, de signer les nominations judiciaires, non pas parce qu’ “on ne l’a pas laissé”, mais pour une fois parce qu’il ne le voulait pas!

Espérant qu’après les élections législatives et présidentielle, il restera encore au Liban quelques juges honorables et honnêtes sur qui nous pourrions compter pour rebâtir notre système judiciaire.

Jawad Pakradouni

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