Le 14 octobre restera la date qui marquera la chute définitive de la rhétorique aouniste tenue et entretenue depuis 1988.
Le discours aouniste reposait sur quatre piliers construits progressivement dans le temps. Dans l’ordre chronologique: la légitimité des armes, la souveraineté du Liban, le “Islah wel teghyir” ( le changement et les réformes) et enfin dernier lapin sorti du grand Maitre, la protection des chrétiens. C’est ce dernier pilier qui s’est écroulé ce 14 octobre emportant dans sa chute ce qui restait des trois autres.
30 ans pendant lesquels le grand matou a joué sans relâche au jeu du chat et de la souris avec le peuple. Il essaye de désarmer Amal et Joumblatt ,essuie un échec cinglant, ne s’y attarde pas et ,au nom de la légitimité des armes ,se dirige vers les FL en 89 ,déverse toute sa haine et sa jalousie sur Geagea, cet Autre qui lui “vole” sa place de leader au sein des chrétiens. Il couvre la milice chiite déguisée en résistance sous le prétexte qu’elle protège la frontière sud. Il lance une guerre pour libérer le pays de l’occupation syrienne, parraine la 1559, slogan dans l’air du temps, mais revient et s’applatit devant la Syrie et l’Iran dans l’intérêt et la prospérité supposés du Liban.
Voyant bien que ses mensonges ne convainquent plus grand monde surtout parmi les jeunes qui n’ont pas connu l’hystérie collective de “ya ch3aba el 3azim de Baabda en 89, que le Hezb est plus que jamais présent, que l’exercice du pouvoir a dévoilé la corruption sans précédent de son équipe, il va se rabattre sur l’exploitation de la peur et l’angoisse des chrétiens, angoisse que lui-même a engendré , en se positionnant comme leur protecteur. L’homme qui a affaibli les chrétiens, les a tués, désarmés et ensuite remis aux syriens , puis aux iraniens, cet homme qui a poussé des dizaines de miliers de libanais à l’exode va profiter de leur angoisse existentielle d’extinction ,et s’ériger comme leur protecteur, leur dernier rempart. Schéma classique de la victime otage d’un pervers narcissique, convaincue que hors de ses filets ,point de Salut.
Il construit donc sa campagne sur “la protection des chrétiens” une rhétorique musclée mais frisant le ridicule que ses partisans/adeptes gobent. Une idée séduisante, et comme toute idée elle reste abstraite. En pratique, elle se limite en nommer des collaborateurs chrétiens à des postes clés.
Dans ses pires cauchemars, il n’aurait pas pu imaginer un 14 octobre, quelques mois avant les élections législatives et présidentielles. Sur ce point au moins il était tranquille : le Hezb prenait le pays en douce et nul besoin d’exercer la moindre violence contre les chrétiens, bien au contraire, il pouvait jouer la carte de la protection longtemps encore, le temps que son gendre prenne sa place à Baabda.
L’attaque des hordes barbares chiites contre des quartiers chrétiens, épicentre de la résistance chrétienne, fait s’écrouler sa rhétorique, dernier pilier.
En réalité ,ce sont tous ses piliers qui s’écroulent en même temps. Une faillite totale de la construction aouniste. Le tout enregistré sur smartphone et relayé par les réseaux sociaux. Un flagrant délit qui devient dans les heures qui suivent un flagrant délire dans des interprétations paranoïdes grotesques.
Le aounisme est détruit, sa base électorale vieillissante ne peut ,ni se renouveler ni se dégager des mailles du filet de son gourou.
Ils font penser à ces joueurs invétérés de Casino, qui continuent à jouer jusqu’à leur dernier sou pour tenter de récupérer les mises perdues.
Sandra Khawam