En 1983, Israël concluait, avec le Liban sur la table de négociation ,un accord de sécurité garantissant le retrait de ses troupes suite à l’invasion du Liban de 1982 qui visait à en chasser l’OLP. Cet accord connu sous l’appellation « accord du 17 Mai (1983) » fut entériné à l’unanimité par le parlement Libanais et avait juste besoin de la signature du Président Amine Gemayel afin d’être officialisé et appliqué. Une application de cet accord par le Liban et Israël ôterait de la main du régime de Hafez el Assad, une carte maitresse dans le jeu régional. Cette perspective était suffisante pour donner des cauchemars à Hafez el Assad qui ne pouvait regarder impuissant, son arrière-cour se séparer aussi facilement de sa stratégie envers Israël. Une énorme pression militaire exercée par les acolytes de la Syrie au Liban et couronnée par le coup de force d’Amal et du PSP du 6 Février 1984, amena Gemayel à céder, refusant conséquemment de signer l’accord du 17 Mai. L’accord fut donc abrogé par le Liban unilatéralement.
Dès lors, des groupes de résistances éparses opéraient contre Tsahal au Liban. Cette résistance excluait encore le jeune Hezbo dont les activités étaient limitées à la prise d’otages étrangers et la préparation et exécution des attaques à la voiture suicide pour le compte de l’Iran Khomeyniste dont il relevait et relève toujours. Assad réussissait à imposer les premiers jalon de l’arnaque du siècle : l’ « unification du destin » entre la Syrie et le Liban, usant de la terreur et de la pression militaire par l’entremise du PSP, Fateh el Intafada, des officiers félons de l’Armée Libanaise et de la milice Amal. En d’autres terme, la décision souveraine du Liban quant à sa politique envers le voisin du Sud ou l’ »ennemi Israélien » était désormais remise à la Syrie.
Suite à l’accord de Taef et compte tenu de l’exclusion nuancée de la « Résistance » de la dissolution des milices, le régime Syrien décidait de remettre le monopole de la résistance au Sud contre Israël à Hezbo. Les autres groupes paramilitaires furent donc dissous. Neuf ans après sa création, Hezbo se proclamait « résistance » et « résistait » comme la seule partie ayant droit aux armes au Liban. C’était encore une des cartes Syriennes.
Nonobstant du fait que toute cette « résistance » était inutile puisque les Israéliens avaient clairement claironné leur souhait de retrait tout en établissant des arrangements de sécurité sur leur frontière nord avec le Liban, le droit à la résistance des peuples contre un occupant est consacré par la charte des nations unis. Mais alors où est donc le problème ? Le ou plutôt les problèmes sont multiples :
- La résistance ne peut être l’apanage d’un groupe restreint d’un peuple, partisan et sectaire. C ‘est un droit et un devoir national. Or Hezbo s’est approprié ce droit et devoir.
- Hezbo est lui-même considéré comme occupant puisqu’il se réclame sans ambage comme faisant partie de la Division Qods relevant des Gardiens de la Révolution Iranienne. Son obédience n’est donc pas national, ce qui ôte à Hezbo le privilège d’être résistant.
- A partir du 25 Mai 2000, la légitimité selon la charte des Nations Unis de la résistance contre l’occupant Israélien devenait caduque puisque ce dernier s’était retiré du Liban. Pour les Nations Unis aucun territoire Libanais selon la ligne bleue et la résolution du CSNU # 425 n’était occupé par Israël à partir du 25 Mai 2000. Or l’arnaque continuait avec la contestation de certains groupes Libanais, et non pas du Liban officiel, de la délimitation des frontières telle que confirmée par les Nations Unis.
- Les déclarations ministérielles officielles, faisant fi de l’illégalité de la résistance en tant que concept en l’absence d’un occupant, ont légitimé la résistance….mais sans mentionner Hezbo une seule fois. Il n’existe donc aucun texte émis par un gouvernement quelconque qui lie la résistance au Hezbo. En d’autres termes, tout Libanais peut se considérer à juste titre envers le gouvernement mais à faut titre envers la légalité internationale, comme résistant. Le gouvernement ne peut affecter clairement ce rôle exclusif, à savoir la résistance envers un ennemi non occupant, à un parti où a une secte Libanais(e). Le faire représenterait une violation flagrante de la constitution. Laisser la résistance comme concept vague approprié de facto par Hezbo forme la base de tous nos maux.
Il est donc urgent en tant que citoyens de saisir le Conseil d’Etat et réclamer ce dernier de statuer sur cette affaire. Le Conseil d’Etat a deux choix :
- Déclarer la non constitutionalité de la Résistance en l’absence d’un ennemi occupant. Par ce fait même, Hezbo ou tout autre résistant se trouvera dans une situation illégale.
- Accepter le maintien de la Résistance conceptuellement tout en assurant que cette activité ne peut être l’apanage d’un groupe restreint mais est un droit octroyé à tout citoyen. Conséquemment, le port d’arme par tout citoyen deviendrait légalisé.
Je penche évidemment pour le premier choix.
L’arnaque a trop durée.