L’appartenance à une nation ou à un groupe de nations sous une même identité, nécessite un dénominateur commun solide.
Prenons l’Europe imaginée par Adenauer qui est devenue aujourd’hui l’Union Européenne (UE) ; Les vingt sept pays membres de l’UE appartiennent à des ethnies différentes, principalement, Anglo-Saxonnes, Latine et Slave. Presque autant de langues différentes sont parlées au sein de l’UE. Pourtant l’UE représente la plus grande réussite de regroupement de pays très différents dont certains d’entre eux étaient de féroces ennemis pendant des centaines d‘années. Cette solide « appartenance » Européenne est basée sur des « valeurs uniques » et même une constitution Européenne à laquelle adhèrent tous les pays membres. Il existe une administration et un parlement Européen installés à Bruxelles ou tous ces pays membres sont représentés.
L’Europe est donc existante non pas à cause d’un lien religieux (la mention de la culture judéo-chrétienne fut même exclue de la constitution européenne), ou la langue ou l’ethnie. L’UE existe sur la base des valeurs communes et les intérêts socio-économiques des peuples. Pour la première fois de son histoire, le vieux continent vit en paix. Qu’en est-il de la Suisse ? Ce pays au coeur de l’Europe géographique a préservé sa neutralité et sa spécificité. Tout en étant un excellent partenaire commercial et financier de tous les pays membres de l’UE, la République de la confédération helvétique n’en est pas membre, n’est donc pas signataire de Maastricht et, sans être membre signataire de Schengen, offre l’accès à son territoire de tout détenteur d’un visa Schengen.
Est-ce que la langue est suffisante pour créer une appartenance ? évidemment pas. Les Etats Unis, l’Angleterre, l’Australie, le Canada, l’Afrique du Sud et la Nouvelle Zélande, des pays anglophones partageant plus ou moins les mêmes valeurs sont pour la plupart géographiquement lointains l’un de l’autre. Ils maintiennent certes des relations privilégiées mais ne forment pas une union aussi cohérente du point de vue financier, commercial et ne garantissent pas la même liberté de mouvements à l’instar de l’UE.
Le « commonwealth » est un conglomérat de pays ex-colonies de l’Empire Britannique dont l’appartenance est plutôt folklorique.
Le seul regroupement cohérent de pays qui ressemblerait le plus à l’UE est celui du GCC (Gulf Cooperation Council). Les six pays qui forment ce regroupement partagent quatre dénominateurs communs : (a) l’ethnicité, (b) la langue, (c) la culture politique patriarcale qui est basée (à différentes vitesses) sur les préceptes du Coran, (d) une monnaie bien que différente mais indexée dans les 6 pays au Dollar US. Ce regroupement agit en tant que tel sur les sujets économiques, la liberté de circulation des ressortissants et sur le sujet de défense.
La ligue Arabe, à part son nom, n’a absolument rien d’une ligue ou d’un regroupement cohérent. Les pays membres ne partagent ni la même culture et valeurs, ni la même ethnicité, et encore moins le même régime politique. En excluant les pays membres du GCC, les citoyens des autres pays membres de la ligue Arabe ne peuvent circuler librement dans les autres pays membres de cette même ligue. Les droits douaniers sont perçus entre les pays membres.
Mais que veut dire être Arabe donc ? Rien. Il y a des pays Arabophones mais pas de pays Arabes.
Le Libanais ethniquement est levantin et sémite. Ce qui n’est pas le cas des Africains du Nord qui forment la majorité démographique des peuples Arabophones. Le système politique Libanais ainsi que les valeurs républicaines Libanaises ne sont en rien semblables aux valeurs des autres pays Arabes. Etre membre de la ligue Arabe n’offre aucun avantage économique au Liban. Sans un minimum de rationnel, pourquoi donc certains Libanais, comme des perroquets, insistent à tue-tête sur l’Arabité du Liban ? Cette réminiscence d’un Nationalisme Arabe qui est mort avec Nasser et avec l’OLP devient ridicule. Ceci dit, le Liban devrait encourager les regroupements régionaux qui ne reposent pas sur la langue ou l’ethnie, mais plutôt sur les valeurs et les intérêts économiques (selon le modèle de l’UE). Les regroupements géographiquement et historiquement cohérents qui pourraient être stabilisants et bénéfiques pour leurs peuples respectifs, à l’instar du GCC ou l’UE seraient (a) Turquie, Syrie, Iraq, Jordanie (et plus tard Israël); (b) Les 6 pays de d’Afrique du Nord inclus le Soudan. Quant au Liban, il serait temps qu’il confirme son statut à la Suisse qui serait résumé par une neutralité amicale et proactive avec son environnement en s’excluant de ses regroupements tout en s’activant à signer des traités de coopération dans tous les domaines avec tous.
Les slogans grandiloquents quant à l’Arabité du Liban ne veulent concrètement rien dire. La République ARABE Syrienne fut considérée pendant une dizaine d’années déjà, comme un paria par la majorité des pays Arabes et mise à la porte de la ligue Arabe. Arrêtons les slogans creux à la Walid Jomblat et certains autres perroquets. Nous ne sommes ni Phéniciens, ni Arabes ni Iraniens. Nous sommes un peuple ethniquement levantin et sémite, arabophone et polyglotte ayant choisi la neutralité positive dans un Proche-Orient compliqué et qui vise à être un facteur de stabilité et de prospérité dans la région.