Résistance au Hezb@llah. Issal Saleh



Si l’on admet que nous sommes un petit pays avec un grand peuple, et si l’on constate qu’après 60 ans de dictature stalinienne, une quinzaine de pays libérés ont choisi l’Europe et l’Otan, alors on peut comprendre qu’après 30 années de dictature syrienne puis iranienne, l’on ait définitivement choisi la Neutralité.
CHOISIR LA NEUTRALITÉ C’EST CHOISIR LE MONDE.
La Neutralité est notre Europe à nous, faite pour les petits pays.
Pour l’obtenir nous devons passer par le filtre de la 1559 et, comme l’Europe a compris l’Ukraine grâce au courage des Ukrainiens, l’Europe et le monde devront nous comprendre, mais pour cela il faudra étaler notre propre courage sur la table onusienne.
Les multiples contradictions d’intérêts dans le monde se sont exacerbées avec l’invasion de l’Ukraine considérée par tous comme la grande folie du XXIème siècle.
Nous tirons une première leçon de cet état du monde : c’est que seuls les peuples qui se battent et résistent peuvent faire entendre leur voix. Le peuple Syrien avait bien commencé mais il a été rongé de l’intérieur par le développement de l’islamisme du type Daech et équivalents.
Le peuple syrien n’a pas perdu seulement à cause de la bêtise sidérale d’Obama en stratégie mondiale mais aussi à cause des organisations terroristes bassistes, islamistes daechiennes, ou islamistes Hezbollahyennes, ou iraniennes.

Au Liban les camps antagonistes sont plus marqués : d’une part le camp souverainiste, partisan de la neutralité d’un Liban ouvert au monde entier et dont la modestie géographique serait la force, et d’autre part les “Wilayet-El-Fakihistes” alliés à des dhimmis défaitistes et opportunistes locaux comme le Courant patriotique libre ayant trouvé sa voie dans le slogan : un peu de pouvoir chrétien sous le parapluie iranien, tout en ayant occulté le comportement dictatorial et théocratique de l’Iran dans son nouvel empire arabe.

La résistance au Hezb@llah et à l’Iran peut prendre de multiples formes : Élections législatives, syndicales, régionales, mouvements de masse, pressions internationales, refus de compromissions, rejet de tout dialogue sous la menace, refus de gouvernement d’union (après 15 ans d’échec), refus de débats télévisés avec des Aounistes ou des chefs miliciens du Hezb@llah dont la première phrase sera un mensonge grossier, dont la seconde phrase sera une insulte et dont la troisième phrase sera une menace.
Jusqu’à ce jour nous participons à des débats avec les pires représentants de la Syrie et de l’Iran au Liban.
Dans quel but ? Quel intérêt y-a-t-il à mener un débat avec Ely Ferzli ou Brahim El Amine ou bien un Aouniste comme Alain Aoun ou Brahim Kanaan qui ont définitivement occulté l’histoire politique et militaire de leur général qui a mené le pays au désastre et qui a décidé d’épouser en mariage maronite le Hezb@llah pour rester sous le dôme de protection des assassinats d’opposants.
On ne discute plus avec ceux qui ont sur les mains le sang de nos meilleurs représentants, de Hariri à Lokman Slim. Nous avons perdu quinze années de vaines discussions avec le révolver sur la tempe.
CE N’EST PAS LA FAUTE AU RÉVOLVER.
C’EST LA FAUTE À LA TEMPE.

Partons de quelque principes admis par presque tous :

(1) Inutile de nous investir dans la justification. Les discours des Aounistes, de Raad, Naïm Kassem, Cheikh Kaouk,…sont notre publicité. Leur folie est dans chacun de leurs propos. Ils signent leur défaite avec le sang de leurs bêtises.

(2) Les Ukrainiens nous ont appris que le désespoir fait le jeu de l’ennemi. Nous saurons imposer le désarmement dans des zones libérées des milices sous contrôle de l’Armée. Nous ne laisserons pas l’Iran nous écraser. Nasr@llah, un utopique de théâtre.

(3) On ne peut pleurer sur notre sort et boycotter les élections. Ne leur offrons pas ce qu’il n’ont pas encore pris. Car en plus du 1/3 de blocage, ils se retrouveraient avec 2/3 du Parlement. Adieu Taëf, adieu 1559, adieu 1680, adieu 1701. Ce serait Iran 100%.

(4) Pour justifier Poutine, certains disent OTAN, et citent Pologne, Hongrie, Bulgarie….Mais ils oublient que 60 années de dictature soviétique ont mené ces pays à ne voir leur salut que dans l’OTAN et l’Europe. Ils connaissent Poutine de l’intérieur comme on connaît Nasr@llah et Bassil de l’intérieur. Combattons-les comme ils nous combattent. Et s’ils nous acculent au choix de nous défendre ou de disparaître, alors comme le dit Elie Mahfoudh clairement et d’autres plus indirectement, nous nous défendrons.

(5) Le plus important n’est pas de perdre ou de gagner une quelconque bataille. Mais de se battre avec toujours l’adhésion aux principes de base : désarmement des milices, neutralité, souveraineté. Gagnons le respect du monde.

(6) Les élections sont une des formes de résistance constitutionnelle au Hezb@llah. Ne pas voter c’est offrir les 2/3 du Parlement à l’Iran qui en changera constitutionnellement la Constitution. Chaque chose en son temps.

(7) Des listes communes avec des candidats du Hezb@llah, du CPL, de AMAL, du PSNS ou des Marada sont des listes nécrologiques du Liban. On a mis trop longtemps à le comprendre. Même si l’on perd, au moins ce sera dans l’honneur souverainiste.

(8) On ne fait pas de stratégie de défense avec des miliciens. On ne fait pas de gouvernement d’union avec des tiers de blocage. On ne dialogue pas sous la menace. On ne s’assied pas avec ceux qui nous assassinent pour le pouvoir.

(9) Les deux concepts «Stratégie de défense» et «Table de dialogue» sont ceux qui ont amené le Liban à devenir un pays sans défense et sans dialogue. Ces deux concepts ont été le mensonge du tandem Aounistes/Hezb@llah. Ne refaisons pas les mêmes erreurs.

Après les élections et quel qu’en soit le résultat, il nous faudra réapprendre à nous battre et à comprendre la priorité de la lutte contre les milices et contre la main-mise iranienne sur le Liban en soutenant ou rejoignant les Fronts formés récemment dans cet esprit : Conseil national pour la levée de la main-mise iranienne sur le Liban (Ahmad Fatfat, Farès Souhaid, Moustapha Allouche, Ali Hamadé, Andraos….), le Front souverain (Forces libanaises, Ahrar, Achraf Rifi….), le Front fédérateur (Walid Farès, Regina Kantara, Ralph Sioufi….), et de nombreux autres personnalités ou groupes souverainistes (Elie Mahfoud, Tony Abi Najem, Akram Rabbah….).
Nous avons les dirigeants, les catalyseurs, les intellectuels, les politiciens, les partis avec qui mener ce combat.
Nous avons perdu trop de temps à jouer dans la cour de l’ennemi.
Défendons notre propre cour.
Le mot d’ordre principal et admis par tous est la 1559. Certains préconisent de travailler à l’appliquer sur tout le pays. D’autres préconisent de l’appliquer sur des « zones libérées » du pays, sous supervision de l’Armée, en attendant. Mais les seconds ne sont qu’une étape des premiers. Donc il n’y a pas de contradiction essentielle entre le Conseil National et le Front fédérateur.
Tous les Fronts veulent la même chose : se libérer de l’emprise iranienne et de la dictature du Hezb@llah. Ne perdons pas l’occasion d’être d’accord sur le fond.
Les ennemis de l’intérieur (CPL et Hezb@llah) sont aussi dangereux que les ennemis de l’extérieur (Iran, Syrie, Israël).
Avec l’Iran et Bachar il n’y a qu’une seule solution : vaincre.
Avec Israël le seul vrai problème qui reste en suspens est celui de la frontière maritime, car nous ne pouvons plus nous payer le luxe, étant nous-mêmes plongés dans le gouffre, d’idéaliser la libération de la Palestine. Nous sommes pour les deux États et soutenons les Palestiniens dans leurs lutte. Mais pas plus qu’ils ne nous soutiennent dans la nôtre contre les milices iranienne (Hezb@llah) et syrienne (PSNS).
Le reste viendra avec.
Autrement dit il y aurait une solution si nous suivions le cours de l’histoire comme la plupart des pays arabes l’ont fait : que chaque pays mette ses limites et trouve un terrain d’entente où la guerre ne serait plus d’actualité. Nous n’en pouvons plus de vivre dans l’attente d’une guerre avec nos voisins syriens ou israéliens.
Il nous arrive encore de ressortir le vieux slogan aujourd’hui déplacé qui dit :” Le Liban sera le dernier pays à signer la paix avec Isarël “.

Ce slogan est un héritage qui nous reste de l’accord du Caire où nous avions remis le pays à l’OLP et à la décision arabe concernant la “Palestine occupée “.
Nous nous sommes débarrassés des conséquences de l’Accord du Caire mais nous continuons à subir les retombées de cet accord en sortant ce slogan devant les instances onusiennes qui viennent tâter le terrain pour savoir si nous serions prêts à envisager des discussions de paix dans certaines conditions.

Pourquoi répondre “le dernier des pays arabes” alors que la majorité des pays arabes a déjà établi des accords de paix avec Israël ?
Les seuls pays arabes qui n’ont pas fait d’accord sont ceux qui subissent le joug iranien tels que l’Irak, la Syrie, le Yémen, le Liban.
L’Arabie saoudite ne s’est pas encore engagée dans un tel traité mais il ne faut pas oublier qu’elle a été au centre de la réunion des pays arabes en 2002 pour établir une feuille de route arabe pour cette paix.
Donc elle va se faire prier quelques temps mais devant l’agression continue de l’Iran et de ses bataillons des Houthis et du Hezb@llah, elle finira par envisager une forme d’accord avec Israël. Et ce d’autant plus que Biden est prêt à reconnaître les Gardiens de la Révolution iraniens après avoir reconnu les Houthis en tant qu’organisme non terroriste. Les actions agressives de l’Iran pousseront l’Arabie à envisager la paix avec Israël. Exactement comme l’agression permanente du Hezb@llah contre notre peuple nous mène à envisager une forme d’accord dans l’honneur avec notre voisin du Sud.
Donc, puisque nous tenons à répéter ce slogan à chaque fois que l’occasion se présente, nous sommes effectivement presque le dernier pays arabe à ne pas avoir signé d’accord avec Israël et nous pouvons désormais appliquer ce slogan et envisager les conditions d’une signature.
Ces conditions étaient déjà réunies en 1983 et votées par le Parlement libanais . Mais Amine Gemayel a eu peur de finir comme Bachir car les Assad l’auraient liquidé en cas de signature.
Ce ne sont pas les Chartouni qui manquent dans notre pays, et aujourd’hui ils s’appellent Hezb@llah.

Appliquer la 1559, c’est enlever au Hezb@llah les raisons factices de garder ses armes. C’est négocier avec l’ONU, non pas des conteneurs de farine ou du gaz, mais des conditions acceptables pour ne plus être en état d’alerte permanente avec Israël.
Pour cela nous devons, même si nous restons pessimistes quant au résultat, montrer que nous avons un plan de paix au lieu du plan de guerre du Hezb@llah et de l’Iran :

(1) Israël rend les fermes de Chebaa et les met à la disposition de l’UNIFIL jusqu’à ce que l’ONU confirme l’affirmation (journalistique) de Bachar que ces fermes sont bien syriennes.

(2) Israël abandonne toutes les parcelles encore occupées au Liban (Kfar Chouba….) et les rend à l’armée libanaise.

(3) Israël paie les 800.000.000 $ (négociables) de dégâts intentionnels occasionnés lors de bombardements ayant provoqué l’explosion des citernes de fuel et autres et condamnés par l’ONU.

(4) Israël accepte de négocier les frontières maritimes à partir de la ligne 29 quitte à ce qu’un accord redéfinisse la frontière définitive entre la 29 et la 23.

(5) Toutes les parties acceptent la résolution 1701.

(6) Réactualiser les points importants de l’accord de 1983 sans perdre de vue notre propre intérêt stratégique en tenant compte des développements de la région. (À définir).
Présentons-nous auprès de toutes les instances internationales avec un plan d’ensemble qui pourrait intéresser l’ensemble des partenaires, plutôt que des recollements partiels de frontières qui n’aboutissent à rien malgré des décennies de tentatives.
Alors ce sera une autre manière possible de remettre en cause les armes du Hezb@llah et de remettre le Liban sur les rails de la paix, condition de la prospérité.
Comme sont en train de le faire la majorité des pays arabes.
Comme l’Iran, le Hezb@llah ne trouve sa justification que dans le danger de la guerre ou le chantage de la résistance (Pour l’Iran, voir articles Toufic Hindi).
Ils tirent leur raison d’être dans le chamboulement des frontières, le désastre économique des nations soumises et les déplacements et repeuplement des populations exilées de force (sunnites en Syrie).
Personne ne semble vouloir nous aider, surtout après ce qui se passe en Ukraine.
Nous sommes devenus un grain de sable dans l’équation internationale.

Il faut dire à l’ONU : si vous êtes sérieux, voilà les conditions pour lutter contre les armes du Hezb@llah et la domination iranienne.
Ceux qui trouvent cela utopique devraient comprendre que ça ne l’est pas plus que de demander à l’ONU d’appliquer la 1559 sous chapitre VII.
Nous ne vivrons pas dans l’esclavagisme imposé par l’Iran.
Le Hezb@llah ne sera pas le “maître du Liban” comme le déclare Mohamad Raad.
Quoi qu’il en coûte.
En attendant de trouver mieux….

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